Ma vie de tomate est peu enviable. Au départ, tout va bien, on me met des piquets, on m’arrose, on me regarde grandir on me fait rougir. Et là, clac! D’un mouvement brusque on m’arrache à la branche qui m’a fait pousser, on me jette dans des paniers, on me passe à la broyeuse et je me retrouve ketchup dans de grandes douleurs. Pareil pour moi dit la carotte. Dès que ma taille semble satisfaire, voilà qu’on m’arrache par la tignasse. On me laisse agoniser dans des rayons jusqu’à ce que quelqu’un m’emmène pour me couper mes fanes et m’éplucher la peau en lambeaux avec des couteaux mal aiguisés. Comme si ça ne suffisait pas, on m’ébouillante et s’en est fini de moi. Le poireau a la vie un peu plus dure. Il pousse à son rythme se durcit, parfois même, il se fait bois en son cœur pour embêter ceux qui vont l’assassiner. Il faudra une pelle pour le sortir de son milieu terreux et les douleurs commencent par la coupe des racines. C’en est fait de moi, je serai tronçonné sans égards. Le chou est craintif dès le départ, alors il serre ses feuilles. Parfois si fort qu’il faut le cuire entier pour le ramollir. L’agonie est moins longue et en une seule étape. Les courgettes sont très exposées. On brise mes attaches, on me laisse au soleil, on me pèle, on me découpe, ou alors on me vole ma jeunesse en me ramassant en fleur. Je ne vous dis pas le raffinement des humains pour me donner des airs festifs alors que je suis dans la souffrance. L’aubergine s’insurge. N’y a-t-il donc aucun humain, aucun idéologue de type Vegan pour défendre notre pauvre cause d’exploités pour nourrir les humains. Pas l’ombre d’un mouvement moral pour défendre le droit des légumes à vivre et mourir et non nourrir? Morale de l’histoire: mieux vaut être une plante carnivore. Personne ne nous mange et les Vegans ne nous caillassent pas (encore)…