Je like, tu likes, il like, la langue française s’est dégradée d’un nouveau mot. Les acteurs des réseaux sociaux, comme ceux des plateformes de vente, ont appris ce mot: Liker. En français et dans ce sens, c’est j’aime ou j’aime pas. Entre deux? Rien! C’est noir ou blanc. Et on vous indique le pourcentage de ceux qui pensent comme vous. Sur les réseaux sociaux, le sens de la nuance n’existe pas. Chaque utilisateur est – à l’insu de son plein gré mais consentant – transformé en juge! L’imbécillité devient de ce fait une vertu à cultiver quel que soit le sujet. Mais il y a pire. Récemment une «spécialiste» de réseaux sociaux expliquait à un parterre de personnes mitigées sur le discours que la méthode peut être appliquée comme un chantage. Dans un commerce: «Vous me servez immédiatement ou je vous évalue sur mes réseaux! Vous venez dans les deux heures réparer mon lave-linge ou je vous fais de la mauvaise pub auprès de mes 2 millions de suiveurs» (sans préciser qu’une bonne moitié, en Afrique, s’en fiche. Mais l’argument a son poids). Avec ces méthodes, chacun devient un délateur ou un maître chanteur en puissance et sans nuance. C’est un mode de vie actuel. Que se passera-t-il lorsque tout le monde se sera évalué parmi? Qui croira encore qui? Plus personne. Il sera alors temps d’inventer un nouveau modèle dans lequel les jugements seront laissés aux juges compétents dans la matière. Les nuances redeviendront pastel. Le vivre ensemble passera par des rapports humains. Et les réseaux destructeurs seront réservés aux écervelés souhaitant être inflluencés.