Depuis des années, aucune radio ne programmait plus Jean Ferrat. Ses chansons étaient peut-être trop belles pour notre époque. «Nuit et brouillard» est remplacé par du rap de banlieue. C’est la vie!
Jean Ferrat a pris congé d’ici-bas et les mémoires soudain s’éveillent. Pendant quelques jours, on va bassiner les antennes avec «la Montagne», oubliant que son répertoire est infiniment supérieur à cette chanson, certes prémonitoire, mais drôlement gnangnan. Il en sourirait Jean Ferrat, de son beau sourire d’homme confiant. Pas sûr qu’il aurait le moindre état d’âme de ces hommages posthumes. Dès le début de ses succès, il s’est distancé des glorioles pour cultiver son jardin secret, fait de poésie et de philosophie.
Il est parti, déjà oublié de ce monde. Parti se confondre dans l’ombre des poètes, dont Ferré, Brel, Brassens qui, au détour d’une vie, ont croisé son chemin. Il s’est perdu comme un poème d’Aragon, cet ami qu’il a si souvent chanté. Ce poème qui dit: «… avoir été peut-être utile. C’est un rêve modeste et fou, il aurait mieux valu le taire. Vous me mettrez avec en terre Comme une étoile au fond d’un trou».
Adieu Jean, belle étoile.
Nina Brissot