Américain, naturellement, plutôt beau gosse, ce qui va bien dans le paysage et surtout Mister Proper, ce rôle adoré des amateurs de séries américaines. C’est le portrait d’Eric Ben-Artzi, officiellement un lanceur d’alerte. C’est lui qui a balancé les méthodes de fraudes comptables utilisées par la Deutsche Bank pour laquelle il travaillait (à la solde du fisc américain?) en 2008. Pour cette délation, l’homme avait droit à 8 millions sur les 55 millions d’amende infligée à la banque pour ces fraudes. Or, dans un geste de grandeur, Mister Proper les a refusés pour ne pas voler les gens. Bravo. Il a aussi pris la précaution de le faire savoir en publiant une belle lettre dans le Financial Times. On n’est pas héros si l’on est anonyme. Bravo encore, il faut des exemples. Béate et admirative de tant d’élégance, je me pose quelques questions. S’il a su démonter les mécanismes de la banque pour frauder, quels arrangements souterrains a-t-il trouvé pour faire encore plus d’argent (invitations, conférences, conseils rémunérés)? Histoire, tout de même, de ne pas renoncer à une fortune pour un coup d’éclat au service du fisc et de l’administration américains? Mais c’est secondaire. Une question plus importante serait de savoir qui est volé lorsque la banque paie une amende de 55 millions (dont 16.5 millions vont dans les poches des délateurs car monsieur travaille avec son ex-femme)?une banque américaine n’aurait jamais triché? Alors, pourquoi, seules les banques des autres continents sont-elles épinglées? Au pays du tout lucratif, toutes les méthodes sont permises. Y compris celles de nous faire prendre des vessies pour des lanternes.
Aout 2016