La vie réserve souvent bien des surprises. Elle n’offre qu’une certitude. Celle que nous allons mourir. Or, quels que soient les périodes et les âges, la mort a toujours fait peur et continue d’être insupportable à la plupart des gens. Alors, on l’évacue. On la nie, on l’oublie, on lutte contre, on la refuse. On joue avec le temps, on gagne quelques batailles, jamais la guerre.
La toute nouvelle génération n’imagine même pas ce qu’elle est puisqu’elle vit, via écrans interposés, des scènes quotidiennes où l’on tue des tas de petits bonhommes qui réapparaitront dès que l’écran se rallumera. Les médias donnent chaque jour des chiffres macabres, échos de tremblements de terre, de guerre, d’accidents puis passent sans transition aux rendez-vous sportifs ou aux divorces de stars. On évacue les cadavres comme les feuilles. Seule la disparition d’un proche nous oblige à la regarder en face et alors elle fait peur.
Peur de quitter, peur de la souffrance, peur de faire souffrir, angoisse de l’après, vertige du chagrin, refuge vers les autres, rejet des autres à cause de leurs peurs, attachement à la religion pour certains, à des croyances de retrouvailles pour d’autres. Rarement la sérénité. Pire, lorsque certains, sentant leur chemin terminé, décident d’abréger, d’appeler Exit, il s’en trouve d’autres pour les en empêcher. Là, la mort ne fait plus peur à celui qui voudrait partir mais à ceux qui restent et préfèrent garder un proche agonisant mais vivant que de le laisser partir. Et si, dans les classes, on remplaçait les cours de religions par un apprentissage de la mort? L’apprivoiser, l’attendre avec sérénité et se dégager de cette peur inutile face à l’inéluctable.