Bien qu’à une encablure du Moulin Rouge, en plein Pigalle, le Musée de l’érotisme, unique en France, a fermé ses portes. Les coquins-coquines en mal d’imagination devront aller chercher ailleurs l’inspiration en baisse. Privé et sans soutien étatique, le repaire emblématique des plaisirs de la chair, l’étal le moins pudibond des accessoires du libertinage a succombé. Le Musée ne rouvrira pas ailleurs, ses collections ont été dispersées dans une vente aux enchères le 6 novembre dernier. Une vente qui a sans doute demandé un certain doigté de langage de la part du commissaire-priseur, monsieur Cornette de St.Cyr (ça ne s’invente pas). Vendre un automate musical du XVIIIe siècle représentant deux personnages en plein acte sexuel mérite sans doute une autre explication qu’une boite à musique que l’on remonte délicatement… Un kamasutra indien ou une pipe phallique richement sculptée exigent sans doute un vocabulaire sachant évoquer la bagatelle. Et qu’a dit le commissaire-priseur pour cette sculpture de bronze montrant une femme en plein coït avec un robot? Sans doute a-t-il vanté le droit à la paresse pour ces messieurs.
Mais pourquoi donc cet établissement parisien, unique en France et peu concurrencé ailleurs, si ce n’est par le Venustempel à Amsterdam ou le Musée du sexe à New York, a-t-il baissé le rideau? Les fondateurs ont expliqué à l’AFP que parmi les quelque dizaines de milliers de curieux qui, chaque année, poussaient leur porte il y avait de nombreux touristes étrangers. Depuis les attentats, ils ont déserté Paris. Quant aux Français, ils doivent trouver assez de bagatelle dans les débats politiques pour perdre toute excitation.
Le blog de Nina Brissot 