«Point d’argent, point de Suisse», l’adage remonte au XVe et XVIe siècle lorsque les mercenaires Suisses se mettaient au service des armées étrangères. Notamment lors des guerres faites par les Français en Italie. S’ils ne recevaient pas leur solde, tout le bataillon helvétique désertait. L’Helvète aux bras noueux a, de tout temps, vécu un rapport particulier à l’argent. Georges Mikes, l’écrivain britannique d’origine hongroise qui habitait Pully, écrivait: «Tout le monde aime les francs, mais personne n’est aussi attaché aux centimes que les Suisses!» L’idée qu’il faut gagner et ne pas dépenser fait partie de l’ADN de bien des Suisses, qui sont parmi les plus grands épargnants du monde. Dans ce pays où tout est plus cher qu’ailleurs, le billet de banque gagné à la sueur de son front doit payer du palpable. Cher si c’est du luxe. Dépenser pour le plaisir est, le plus souvent matière à caution.Dans l’esprit suisse, les sous mis de côté ne sont pas faits pour être dépensés. Si un événement arrive, il doit être budgétisé ou évité. C’est un peu ce qui se passe aujourd’hui avec la grogne dans le public local contre le prix des billets de la Fête des Vignerons. Un événement exceptionnel qui a lieu quatre fois par siècle. Si l’on prend le prix le plus élevé soit à 359 frs par billet, en supposant qu’il soit prélevé sur l’épargne, cela représente une dépense de 16,30 frs par année (sur la base de 22 ans). Pour le moins cher, soit 79 frs, nous arrivons à une épargne annuelle de 3,60 frs. C’est le seul risque que prend le public. Les autres sont assumés, sans subvention par les organisateurs. Alors, contre quoi grogne-t-on au juste?