L’Espèce humaine évolue. Du moins sur certaines parties de la planète. Car si, au paléolithique, l’homme a pu vivre et former son système digestif grâce à la chasse, la pêche et la cueillette, il est encore bien des endroits sur cette bonne vieille planète où la race humaine survit avec la même alimentation.
Mais dans le monde évolué et raffiné, où domine un ennui qui rend créatif, on prend le temps de vivre autrement. Et je pense qu’il serait amusant d’emmener Ötzi au buffet de la gare de Lausanne rebaptisé Tibits. Sûr qu’à la vue du grand bac de tartare, il remplirait son assiette. Mais quel sera sa réaction à engloutir cet amalgame fait d’okra, de cornichons, de carottes, de panais et de câpres? Tant pis s’il fait la grimace, c’est un nouvel art de manger inconnu en 4’500 avant Jésus Christ. Il s’y fera.
Invitons alors le poète rêveur Juste Olivier (1807-1876) avec Paul Ceresole (1832-1905), président helvète, pour une petite agape au buffet. Dis-moi l’ami Juste, toi qui intéresses aux charcuteries, si on buvait un coup avec un bon papet vaudois? C’est commandé, mais, lorsque la chose arrive, composée d’aubergines, de tofu, de seitan, de betterave, d’épices mais tout de même d’un peu de chou, c’est instinctivement que Paul Ceresole déclare être allergique au gluten. Il ne sait pas pourtant que le seitan est du pur gluten. Du coup, ils se prennent des knödel de chanvre, roulés au torchon en invitant Ötzi à leur table. Ils ont le secret espoir de lui donner l’illusion qu’il mange du foie gras. Après tout, au paléolithique, on ne gavait pas encore les oies. Cette méthode barbare est arrivée avec les premiers progrès. Bon appétit.