En art, la xyloglossie peut s’avérer très utile. En 2005, Stefan Ansermet avait publié chez Castagniééé un xylo glossaire qui, face à certaines œuvres contemporaines, pourrait tout à fait en donner la meilleure définition. Voici comment ça fonctionne. Un petit livre, coupé en deux dans le sens horizontal. Sur chaque moitié de page, une phrase en lien avec l’art. Avec l’idée de paraitre intelligent, on prend sur une demi-page la phrase qui y est écrite. Ensuite on prend au hasard n’importe quelle autre phrase sur une autre moitié de page et ça donne quelque chose d’intello. Devant une toile à laquelle on ne comprend rien, on pourrait par exemple lire: «C’est pour concevoir un monde régi par…», et hop, on tourne une demi page, et on lit: «une ironisation subtile de la représentation». Mais si ça ne plaît pas trop, on en prend une autre, genre: «La contemporanéité ultime d’un regard froid». J’aime bien: «Une actualisation de la sensibilité», et pour la suite: «La pollinisation étatique des espaces culturels».
En politique, c’est encore plus simple. Il existe des tableaux qui, dit-on, circulent sous le manteau à l’ENA. Mieux, ils ont 4 cases, ce qui permet d’adapter, même des phrases longues, à toutes les situations. Et ça donne quelque chose du genre: 1. Et c’est en toute conscience que je déclare avec conviction que 2. La conjoncture actuelle 3. oblige à la prise en compte encore plus effective 4.d’un programme plus humain, plus fraternel, plus juste! Et toc
Ça fonctionne aussi en philosophie, en sciences, en société. Essayez. En français moins châtié, on appelle ça langue de bois. Elle a l’avantage de ne pas froisser ceux qui ne pensent pas comme vous…