L’expression consacrée signifie à quelqu’un qu’il a lui-même le défaut qu’il reproche à autrui. Sur cette base, il est hautement cocasse aujourd’hui de découvrir la scandaleuse décision gouvernementale. Non seulement de créer un registre national des resquilleurs, mais d’en confier la gestion à Car Postal. Cette filiale de la poste qui a fait si bien qu’elle est complètement engluée dans des affaires de fraude. L’indécence de cette décision frise le ridicule d’y avoir seulement pensé. N’ont-ils rien d’autre à faire à Berne? Car finalement, ces 0,04% de resquilleurs, qui sont-ils? Certainement pas de ceux qui gagnent des salaires de parlementaires, pas même des conducteurs de Car Postal. Ces gueux devront désormais aller à pied car ils ne pourront pas se payer les prix exorbitants des transports en Suisse. De toutes façons, ils ne pourront pas payer l’amende. Quant au pauvre papy qui n’aura pas passé ses examens à l’Académie d’Ouchy pour savoir utiliser la machine compliquée à souhait pour sortir à temps un billet de bus entre la zone I et II, il sera fiché.
Un registre national, c’est un fichier et la Suisse semble avoir la mémoire courte. Aurait-elle oublié le scandale de la Stasi suisse qui fichait les citoyens au niveau national? Existe-t-il un registre des violeurs, des voleurs à la tire, des pédérastes, des truands, des spéculateurs, des profiteurs ou des imbéciles qui s’amusent à inventer des registres de ce genre? Et en plus confier ce petit jeu à Car postal, je crois vraiment que nos fédéraux jouent trop au gendarme et au voleur ou peut-être au douanier et au contrebandier ça finit par déteindre sur leur boulot qu’ils seraient bien inspirés de faire convenablement, avec décence.
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Avril 2019