23.00 heures c’est le plein été en Italie. La grande place publique accueille des ombres sortant des arcades et des rues étroites. Toutes semblent s’être donné rendez-vous sur ces quelques mètres pavés au coeur de la vieille ville. Les élèves de l’école de musique, pingouins étranglés d’un noeud papillon s’arrêtent quelques instants. Dans leur tête, sous leurs doigts, les dernières notes du concert vibrent encore. Seule la magie de ce lieu va les délivrer de leur musique.
Assis sur la margelle d’un puis, quelques vieux échangent des propos sur le temps qui passe et sur cette jeunesse qu’ils ne comprennent plus très bien.
Ici et là, de belles Italiennes fort dénudées traversent lentement la place. Tous les regards suivent la démarche altière et légère de ces filles d’Eve à la beauté arrogante.
Ombre parmi les ombres, une petite fille, 5 ans peut-être, présente des roses au badauds. Amusés ou distraits, quelques touristes se laissent séduire par le sourire de la petite fille qui, prestement empoche les lires de la rose.
Dans ce pays où les enfants sont rois, l’enfant fait certainement un dur apprentissage de l’existence. Sa mère, une pâle gitane lui remet régulièrement quelques roses nouvelles, tirées d’un bouquet qu’elle présente sur les terrasses.
De temps à autre, toutes deux entrent dans le petit bar au coin de la rue, où, assis dans le fond, un homme boit en tapant le carton. Sans même lever les yeux de son jeu, il tend une main dans laquelle la gitane dépose l’argent récolté.
Nina Brissot