Revenant de Recife, l’avion de 20h est pris dans les perturbations. Pas moyen de soulever son verre sans arroser son voisin. L’équipage s’excuse de ne pas pouvoir distribuer les plateaux. « Nous traversons un gros orage » est-il commenté au micro. Contre le hublot viennent s’écraser de larges gouttes de pluie sorties de lourds nuages qui rendent le crépuscule opaque. Puis, à l’approche de Rio tout s’arrête soudainement. L’avion se pose sans aucune difficulté sur le bitume éclairé. Le temps de sauter à terre, de récupérer nos bagages et nous nous engouffrons dans la voiture de nos amis venus nous attendre.
L’orage nous a rattrapés à l’instant précis où, quittant l’aéroport nous nous engagions sur la voie rapide. Plus moyen de s’arrêter, ni de faire demi-tour. Un seul éclair et, une seconde plus tard, le rideau d’eau nous barrait la route. A vitesse extrêmement réduite, nous empruntions, quelques instants plus tard, la fameuse avenue « De Americanos ». Fameuse parce-que personne n’ose s’y arrêter. Pas même aux feux rouges, sous peine de courir le risque d’être braqués par des bandes organisées. Pas un mot dans la voiture, la crainte nous rendait nerveux. En peu de temps des flots ont envahi la route atteignant la hauteur des roues. Une épaisse buée nous obligeait à garder les fenêtres ouvertes et à écoper l’eau avec des gobelets de plastique. Les automobilistes, déjà souvent fous par temps normal étaient complètement hystériques. Chacun dépassait l’autre dans une totale anarchie en appuyant sans arrêt sur le klaxon. Ils provoquaient de grandes gerbes d’eau qui entraient comme des vagues dans la voiture.
Enfin, après une demi-heure à jouer les « ça passe ou ça casse », nous sommes enfin arrivés sur le pont de Niteroi qui, construit en pente douce évacuait rapidement l’eau. Cinq minutes plus tard nous étions à destination alors que l’orage s’éloignait dans la direction opposée.
Le temps d’écoper l’eau de la voiture, d’étendre le contenu des valises et de se glisser sous la douche, nous pouvions prendre le repas sur la terrasse en contemplant les étoiles. Complètement calmé, le ciel se moquait de nos frayeurs.
Nina Brissot