La machine infernale

L’administration de Washington veut, à l’avenir, avoir accès aux données bancaires du monde entier. C’est le préposé fédéral à la protection des données, Hans Peter Thür qui le dit dans une interview accordé à la NZZ am Sontag du 3 juillet. Fort de ce précepte qui, pour l’instant n’engage que lui, le ministère des finances américain intensifie ses contrôles sur les transactions de fonds passant par les Etats-Unis. Il peut même intervenir, les filiales des banques étrangères installées sur son territoire étant soumises à la législation américaine. Le secret bancaire suisse est-il encore plus menacé? Oui!
Les Don Quichotte du terrorisme ont beau jeu. A soi-disant traquer l’argent des armes, ils s’ingèrent dans les transactions bancaires toutes sources confondues, contrôlant, petit à petit, l’économie mondiale bien répertoriée et classée chez Big brother.
Et la machine politique, lorsqu’elle se met à rouler peut écraser jusqu’aux vérités les plus flagrantes. Nous en voulons pour preuve l’article de Newsweek qui a mis le feu aux poudres à Washington en publiant que des profanations étaient pratiquées sur le Coran à Guantanamo. Newsweek a dû faire marche arrière sous la pression gouvernementale après que le Président Bush en personne ait réfuté cet article. L’enquête a prouvé par la suite que Newsweek avait raison. Mais la grosse machine avait déjà écrasé toute crédibilité d’une presse qui se rétracte.
Avec un accès direct à toutes les données bancaires du monde, le contrôle économique de la planète ne sera plus qu’un jeu de go ou d’échecs. Les joueurs placent leurs pions. Ils ne visent pas particulièrement la Suisse et son secret bancaire. Non, les maîtres du monde souvent ignorent même qu’il puisse exister un autre modèle que le leur. Ils appliquent tout simplement ce qu’ils jugent bon pour eux. Et qui, par conséquent, devrait être bon pour nous. Prenons-en conscience, car l’impérialisme est une maladie qui ne se soigne pas, elle se propage.