Bien que très riche, notre langue française comporte assez de failles pour permettre d’interpréter l’essence des mots. A ce titre il manque, c’est sûr, un prix prestigieux saluant leur usage en tous sens, notamment par les juges et les avocats. Dommage. Cela donnerait peut-être à ceux qui en ont le goût, l’envie de réfléchir et d’utiliser les mots à bon escient. Dans leur sens et sans les galvauder. Dire n’importe quoi avec de belles phrases faites de mots juxtaposés fait désormais partie de notre art de vivre. Il faut aller vite, dire, répondre, aligner des mots et des phrases. Faire semblant de prendre des décisions. Rapides bien sûr. Ou être de bon conseil. Sans se donner le temps de la réflexion qui voudrait peut-être dire hésitation. On dit je t’aime comme on dit je vais acheter des cigarettes. Pour le fumeur amoureux les deux choses sont importantes. Dire quelque chose ne veut plus dire y croire. Les conséquences de masse de la chose dite ne sont, naturellement pas les mêmes suivant que l’on soit Mc Arthur, Einstein ou Jean Edern Hallier ou Pascal Jardin. Et il faut heureusement admettre que la fantaisie peut parfois suppléer à la légèreté des choses. Mais n’est pas drôle ou spirituel qui veut tandis que l’affection du n’importe quoi est hélas, devenue bénigne. Au hasard des mots prenons-en un de journalier. Croire par exemple. Croire c’est avoir la foi. En soi, en dieu, en quelqu’un, en l’amour ou l’amitié. C’est avoir, ou faire confiance. Foi veut dire engagement, loyauté, garantie. Tous ces mots galvaudés, devenus désuets. Ils forment pourtant la base d’un verbe qui fait vivre, parfois survivre l’humanité. Est-ce à dire que nous sommes trop «croyants»? Que nous avons trop besoin de croire comme si la chose dite avait encore une importance? Et si plus rien n’avait d’importance? Je ne peux y croire. Et vous?