Non, non et non. «Tatontamiflou» n’est pas un nouveau jeu nippon destiné à faire passer le temps aux désoeuvrés. La chose est beaucoup plus sérieuse. C’est une menace qui rend les gens chèvre. Elle ne vient pas pourtant de ruminants ongulés, mais de volatiles. Et oui, le «tatontamiflou», en langage courant se traduit par: Est-ce que tu as du Tamiflu?
Le Tamiflu, produit par un groupe pharmaceutique bâlois dont les actions montent en flèche, est un médicament prescrit contre la grippe en général. Or aujourd’hui la grippe, possiblement mutante mais encore aviaire, occupe les hommes de la planète comme tous les tremblements de terre, les tsunamis et les inondations réunis. Il y a menace de pandémie. Que faire?
Dans nos pays, capables espère-t-on, de se prémunir de tout sauf des peurs endémiques, chacun y va de sa réserve antigrippale. C’est pourquoi, au Café du commerce, comme au bureau, les discussions vont bon train sur la manière dont chacun va se protéger du passage de celle que l’on désigne poétiquement d’un nom d’oiseau par H5N1. Et nous voilà tous transformés en drôles de volatiles communicants dans un langage dont l’essentiel nous échappe, comme une cane à un canard boiteux. Dosage, efficacité, mutation, vaccin, temps d’incubation, prophylaxie, transmission… plus rien ne chatouille, mais ça gratouille sérieusement du côté de la trouille.
Alors on parle du Tamiflu. Et déjà s’engage le langage des clans entre ceux qui l’ont et ceux qui ne l’ont pas. Ceux qui continuent de manger de la volaille et les autres. Les inconditionnels de la prévention et les fatalistes. Tatontamiflou? On nous avise aujourd’hui qu’il n’y a aucun motif raisonnable à vouloir se procurer du Tamiflu. Les discussions vont donc bientôt changer. Après tout, le Sida n’a pas tenu les coqs loin des poulaillers. La nouvelle pandémie, si elle arrive, prendra le chemin qu’elle veut. Et personne ne connaît les désirs secrets de H5N1…