Qui aurait pu croire que des dessins satiriques puissent provoquer pareil raz-de-marée auprès de la communauté musulmane? Tout cela pour des planches qui, de manière ironique, montrent le Prophète autrement que ne se l’imagine le peuple qui le vénère! Une révolte gronde, savamment orchestrée par ceux qui ont compris comment l’exploiter.
Ambassades souillées, boycotts, drapeaux brûlés, fanatisme exposé, tout est prétexte pour se venger de «l’outrage» au sacré. Le bon peuple musulman, chahuté dans ses croyances et ses doctrines, se sent le droit de se révolter. De son côté, tout aussi évangélisé, l’homme occidental, Européen ou Américain, condamne vertement le fanatisme dont il fait les frais. Si cette situation n’est pas une guerre de Civilisations, tant honnie et crainte qu’elle puisse être, cela y ressemble furieusement.
Démocratie contre théocratie semble être la première impression face aux écrans de TV et aux journaux. Pourtant tout se complique vite. Si l’on considère que la première puissance mondiale «démocratique» est de fait une théocratie et pas seulement Républicaine, «God bless America», de quoi osons-nous encore nous étonner? Si l’on considère que dans le monde entier, les pays «laïcs» se comptent sur les doigts d’une seule main… (dont la Turquie et «feu» l’Irak), que pouvons-nous espérer? Et si l’on réalise que les Autorités vaticanes prêchent la re-évangélisation et le prosélytisme préconisés par l’Opus Dei, de quoi pouvons-nous nous plaindre?
Dans notre civilisation, la liberté d’opinion n’existe que depuis 1881. Pourtant, une simple opinion publiée en 2004 sur Jésus d’Asie dans Le Régional, arrive à soulever une avalanche de courrier et des critiques virulentes, jusqu’à une menace de mort par téléphone… Comment alors pourrions-nous exiger d’un peuple, maintenu volontairement dans un endoctrinement au sacré et aux croyances, puisse ne pas réagir à une ironie occidentale? Nous ne devons pas en vouloir aux enfants de l’Islam de cette primarité qui l’était aussi pour nous il y a un siècle et demi. Par contre, nous ne devons pas non plus accepter que des gouvernements et chefs religieux en fassent une arme visant le pouvoir et non le sacré. Des excuses du journal danois ont été présentées. L’erreur par rapport à «l’autre» est ainsi reconnue et doit être acceptée. Sans quoi, il faut être conscient que, peu importe le prétexte, une vraie guerre de religions est engagée contre nous par les fils du Prophète. Qu’il est loin le siècle des Lumières…