Et le boulot est si vaste qu’il faut trouver quelques géants pour l’accomplir. Les gentils compagnons de Blanche-Neige auraient tout juste pu piocher et fracasser le mur de Berlin. Mais cette vieille histoire qui date du temps où l’on croyait au retour de la civilisation n’est plus du tout à la mode. Aujourd’hui, ce sont les murs qui sont à la mode. La terreur est de retour, le barbarisme aussi. Il convient donc de se protéger et chacun y va de son mur. Le béton à encore de beaux jours devant lui. Les investisseurs doivent probablement étudier de plus près le cours du ciment que celui des éoliennes.
On leur donne toutes sortes de noms. Murs, barrières de sécurité, muraille, rempart… Ils sont de plus en plus hauts, de plus en plus longs, de moins en moins franchissables. Et derrière ces murs, il y a des hommes. Cloisonnés, repoussés, indésirables, frustrés, appauvris, laissés pour compte côté ombre ou, côté soleil, de garde au pied du mur, protégeant le pré carré de l’envahisseur.
Oui, le mur est à la mode, et tous n’ont pas droit aux graffitis… Celui qui se dresse entre les Etats-Unis et le Mexique mesure déjà plus de 300 km. Bien entraînés sur ce genre de chantiers, ils en bâtissent un actuellement à Bagdad pour séparer certains quartiers. Le Pakistan construit le sien le long de la frontière afghane, l’Arabie Saoudite contre le Yémen, et l’Inde qui se modernise à grande vitesse, a déjà abandonné le béton pour 4’000 km de treillis électrifié ne fonctionnant pas aux éoliennes. On ne parlera même pas du mur entre Israël et la Palestine juste pour ne pas se faire accuser d’antisémitisme…Eh oui !, les murs poussent et ne fleurissent pas. Ils ont peut-être des oreilles mais surtout, ils sont là pour faire peur aux autres et pour soigner sa propre peur.
Et puis, bonne nouvelle, les Français qui n’ont toujours pas de pétrole mais qui sont des «latin lovers» ont eux aussi leur mur. Il se trouve à Paris, sur la butte Montmartre, place des Abbesses, dans le square Jehan Rictus. Il mesure 40m2 est fait de plaques de lave émaillées sur lesquelles 311 écritures manuscrites de «je t’aime» sont gravées en 280 langues.
Derrière les murs… il y a toujours l’homme.