C’était parti comme un vrai polar, quasi un James Bond. Avec un 007 d’opérette, mallette à millions au poignet, qui se prend pour Dominique Giroud lui-même car il n’a pas trouvé de meilleur modèle. Pas même à Ecône qu’il fréquente assidument.
Avec un homme d’Etat parallèlement reviseur de comptes échappant au fisc. D’où peut-être les millions dans la valise. Avec un détective pernicieux et vantard qui se croit agent secret mais mélange ses sources et ressert à chacun sa propre soupe…
Avec aussi des milliers de litres de vin vendus sous des appellations usurpées. Si proches de leur goût initial qu’aucun expert n’a décelé le magouillage et qu’il a fallu une analyse ADN du breuvage pour prouver le brassage…
Avec un feuilleton alambiqué sur des montages financiers d’un empire partiellement virtuel. Une saga à la Werner K Rey.
Et puis soudain, coup de tonnerre dans le ciel bleu. Giroud a soustrait 9 millions au fisc. Giroud a vendu du Fendant sous l’appellation St-Saphorin. Giroud a triché avec ses entreprises, noyant beaucoup de poissons. Giroud est accusé. Giroud se fâche. Giroud ouvre la mallette, paie de pseudos experts bien moins malins que lui. Giroud est arrêté. Giroud est libéré. Le feuilleton perd de son action. Des pamphlets sur ses méthodes, les journaux passent aux pages d’analyse. Cela dure depuis des mois et il n’y a même pas de cadavres! Alors, de deux choses l’une. Ou bien on fiche la paix à Giroud et par là même aux personnalités presque intouchables qu’il a mouillées. Ou bien on fait appel à un juge américain et l’affaire sera vite réglée (contre repentir et espèces sonnantes et trébuchantes). Et ce n’est pas Berne qui, avec sa propension fédérale à laisser la justice américaine non plus s’ingérer, mais s’imposer, dans les affaires de la Suisse qui s’y opposerait…
Le blog de Nina Brissot 