Zemmour et Dieudonné, tout comme l’équipe de Charlie Hebdo disent vouloir défendre la liberté d’expression. Peut-être. Cette liberté doit-elle pour autant se transformer en provocation, jour après jour, spectacle après spectacle? Que ce soit avec la vulgarité d’un Dieudonné ou la dextérité dessinée de Charlie? Il n’empêche que, journalistes, polémistes et animateurs se trompent de slogan. Aucun ne défend la liberté d’expression mais la liberté de faire passer ses idées. Et lorsque Wolinski, dans une interview de l’an dernier raconte qu’il refuse de faire des dessins pour Le Figaro sous prétexte que ce média est de droite, est-il vraiment libre?
Paix à ses cendres. La punition de ces provocateurs est sans commune mesure avec la diffusion de leurs idées mais à taquiner le poisson, ils ont fini sur une prise qui les a dépassés. C’est triste, intolérable et choquant. D’ailleurs le monde occidental est sous le choc et prend conscience des dangers réels liés à la radicalisation d’une religion.
Puis les jours s’écoulent. On oublie vite les héros mais pas l’exploitation de leurs martyres. Business is business. Et que ce soit en politique de tous bords ou dans le commerce de slogans sur toute forme de support, chacun tire Charlie à soi pour un profit immédiat. Même les causes qui n’ont rien à voir et dont on a pu lire les pancartes dans les diverses marches organisées au nom de la défense de la liberté, de la cohésion nationale ou de la démocratie. Dans ce concert de voix dissonantes mais finissant à l’unisson sur des places publiques, combien ont eu le réel sentiment de défendre la démocratie? Quatre millions de personnes ont ressenti un besoin de soutenir «Charlie» qu’elles ne lisaient d’ailleurs pas. Si ce n’est pas de la transcendance bien sûr, cela y ressemble!