Purger, éradiquer, décimer, se débarrasser, renvoyer. L’actuelle vague qui porte les puissants du monde passe par des purges. Erdogan en Turquie ratisse large. Même plus besoin d’être Kurde, il suffit de les fréquenter. Ou d’oser dire que le chef suprême d’une Turquie qui fut laïque est un individu dangereux, avide de pouvoir et de puissance, prêt à tout pour servir ce qu’il pense être sa gloire. Il va jusqu’à demander à l’Allemagne de lui livrer un humoriste qui a osé le contrefaire. Qui en occident s’insurge? Aux Philippines, Rodrigo Duterte sous couvert d’éliminer la criminalité fait exécuter tambour battant des milliers de personnes dont des opposants n’ayant aucun lien avec la criminalité et même leurs familles. Qui s’en émeut? Juste arrivé au pouvoir, le président des Etats-Unis se lance lui aussi dans les purges. Il commence par les migrants. Qui après? Les scientifiques, les météorologues, les handicapés, les patients incurables, les porteurs de maladies, les gens de couleur? Où va s’arrêter la liste des dictateurs? Hitler avait simplifié en limitant les survivants à la seule race Aryenne.
Peut-être, dans notre bienséant confort, loin des choses qui se passent ailleurs, devrions-nous parfois méditer sur les paroles du pasteur allemand Martin Niemöller, interné dans différents camps dont Dachau entre 1937 et 1945. Libéré par les alliés, il publie en 1950: «Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste. Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate. Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste. Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester».