Ah la vache !

Faut-il ou non écorner les vaches? Un grand débat démocratique a occupé le parlement à ce sujet. A la base de cet enflammement du Conseil National, l’initiative finalement refusée proposant «un soutien financier aux vaches cornues». D’aucuns parlaient de confort pour les bêtes, de risque potentiel de blessures pour les dames belliqueuses. D’autres ont lancé le petit couplet sur «la dignité des animaux». Il s’est même trouvé un spécialiste pour expliquer que nos chères vaches ont un besoin de leurs cornes «comme outil de communication, pour leur vie sociale et pour leur digestion». Je ne savais pas, moi, petite fille de paysans, qu’au pré, ces dames socialisaient… avec leurs cornes. Mais le débat a été enflammé, chacun apportant son jet de lait dans la boille de la démocratie. Car oui, c’est bien de démocratie qu’il s’agissait, un conseiller bâlois, Béat Jans, a dit toute sa fierté que le peuple suisse ait la possibilité de se prononcer sur un sujet aussi crucial. Et dans le fond, pourquoi pas? Pourquoi faudrait-il, à Berne, s’ennuyer à blablater sur la maitrise des coûts de la santé, le renflouement de l’AVS, ou l’idée de faire travailler les vieux au-delà de l’âge de la retraite? Pourquoi faudrait-il s’endormir à la énième session sur la bonne marche de l’économie, ou la protection de l’environnement? Pourquoi l’assujettissement de la Suisse aux lois étrangères, l’échange automatique d’informations avec les puissants sont-ils balayés sous le tapis du parlement? Rien de passionnant, tout simplement. Par contre, nos députés adorent les animaux. En laisse ou dans l’assiette. Alors je pense qu’il est urgent de lancer une nouvelle initiative: Les poules ne pourraient-elles pas être génétiquement modifiées pour avoir des dents? Pour leur confort et leur dignité! Surtout pour rigoler sous la coupole.