C’est un jour d’hiver de 1798. Un 24 janvier. Il fait froid. Tout est un peu trouble. Les hommes sont de langue française. Issus du Pays de Vaud, qui alors fait partie des terres de Savoie. Mais sous dominance bernoise. Oui, tout est un peu trouble. Les 9’000 habitants de Lausanne sont appelés, depuis la veille, à faire la révolution pour se libérer du joug bernois. Ah bon? Mais comment ça? Tout simplement en demandant poliment aux baillis de se retirer. Ce qu’ils feront de bonne grâce… C’est angélique? A peine. Le 24 janvier 1798 a vu un changement. Même pas un renversement.
Dans un ouvrage collectif sorti pour le bicentenaire de la révolution vaudoise, intitulé «De l’ours à la cocarde», le Pr. François Jéquier la qualifie d’atypique. «Une révolution sans masse, sans émeute armée, sans violence, sans mort d’hommes, sans pillage, sans atteinte à la propriété, sans aucune répression, avec des baillis qui se retirent, parfois accompagnés par leurs sujets en pleurs, une telle «révolution a de quoi surprendre», dit-il. Les Gilets Jaunes en seraient confits de stupéfaction.
Malgré cette voie pavée, il faudra encore cinq années pour arriver à former un Canton. Et grâce à un acte de Médiation de ce brave Napoléon Bonaparte venu chercher des sous pour sa campagne d’Egypte. Le Canton sera créé sous la bannière Liberté et Patrie. Libre, vraiment le Vaudois? Son hymne, qui date également de 1803, chante: «Que dans ces lieux règnent à jamais l’amour des lois, la liberté, la paix!» Ils sont forts ces Vaudois, faire rimer amour des lois et liberté, c’est presque aussi atypique qu’une révolution vaudoise. Mais buvons quand même un verre. Bon 24 janvier.