Rarement feuilleton politique en Suisse n’a autant duré. Ce qui finalement sert le héros de ce soap opéra, Pierre Maudet, tant il fait mousser. Mois après mois, semaine après semaine, jour après jour, l’auditeur ou le lecteur romand se prend une tranche de la saga Maudet. Qu’en penser? Le culot inédit d’un Helvète ne se laissant pas impressionner par ceux qui le jugent prendrait-il graine dans le cerveau d’un peuple habitué au moutonnage? Ce pourrait être une explication. Une sorte de prise de conscience à l’insu du plein gré des auditeurs-lecteurs. Tiens, un mec qui dit non, non et non, face à tous ceux qui voudraient lui voir les talons pour comportement jugé inadéquat. Ça interloque au pays des bénis oui oui, des juges procureurs-nés qui se croient investis de la mission de sanctionner. Si le héros tient bon, il pourrait, finalement, ébranler l’esprit hasardeux de ses juges. C’est un peu comme dans les grands films d’amour où tout part mal mais il y a un petit rien, une musique peut-être, une ombre, quelque chose qui montre que chaque grand rêve commence toujours par un rêveur. A-t-on le droit de condamner les rêveurs? Il est probable que Maudet ne poursuit pas son rêve de puissance sans se soucier des embûches sachant intimement que le film finira en happy end. Chacun ensuite oubliera les épisodes pour ne retenir que la fin.
Mais ce rêve d’une graine qui prendrait dans le cerveau peut aussi être une idée bien stérile. Ce qui revient à dire que le feuilleton rebondit d’épisode en épisode par simple déshérence d’une matière intelligente. Par la seule absence de choses intéressantes. Alors on suit l’affaire Maudet. Il aura désormais un dicastère réduit… Est-ce à dire qu’il fera du 9h-15h?. Et avec quoi va-t-on alors occuper l’Arène le reste du temps?