Avez-vous déjà essayé en tant qu’acteur de secteurs culturels, sociaux ou d’entreprenariat de demander de l’argent à l’Etat? Alors vous connaissez les chemins de traverse à franchir, les redemandes, les dossiers égarés, les refus pour une ligne oubliée dans une paperasse aussi épaisse que vos espoirs. Dans ce monde judéo chrétien dominant dans la mentalité suisse, tout besoin d’aide doit être d’abord sanctionné par une série d’embûches et de refus. Il faut mériter. Un sou est un sou. Or, si tout le monde aime a collectionner les francs, les Suisses sont, sans effort, les champions du monde des collectionneurs de centimes.
Et puis, tout à coup, grâce à un virus capable d’effrayer même l’administration, l’argent se met à pleuvoir. On ne parle plus en francs mais en millions puis en milliards. D’où sortent-t-ils tous ces billets si secrètement entassés au fil des ans? Comment n’avions nous pas connaissance d’un arrosoir étatique capable d’asperger, certes lentement mais tout de même, un si grand nombre e personnes que l’on empêche de travailler? De cracher des francs pour maintenir le peuple à distance des échoppes, d’aller au spectacle ou au Musée? De débloquer de pharaoniques crédits pour relancer projets et travaux?
Parmi ceux qui peuvent s’en réjouir à plusieurs titres, il y a les prisonniers d’Orbe. Le Conseil d’Etat va débloquer 8.2 millions pour un assainissement énergétique de la prison de la Croisée. Tout d’abord, cela va amener une distraction dans la morne vie de prisonnier. Peut-être même que certains d’entre eux pourront participer aux travaux. Qui dit travaux d’envergure, dit échafaudages. Donc une alimentation de rêves d’évasion propre à alléger les journées des enfermés. Et à la fin, pour ceux qui restent assez longtemps, ils vont se retrouver dans des cellules enfin chauffée normalement. Un vrai cocon quoi. Et dire qu’il aura fallu un virus pour en arriver là….
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