Hommage: Le peintre et plasticien Pascal Besson vient d’entreprendre son plus grand voyage en compagnie de son épouse Mireille. Une vie trop belle pour la gâcher par une mort misérable. C’est grâce à Exit, qu’ensemble, ils ont pris leur envol vers d’autres luminosités.
Au bout du fil, Mireille est calme, déterminée, on pourrait même dire soulagée. «Pascal ne bouge plus de son lit depuis un an. Il est déjà partiellement dans un autre monde explique-t-elle. Un horrible cancer de la mâchoire m’est tombé de dessus, ce qui me fait endurer des douleurs insupportables. Nous sommes l’un et l’autre trop fatigués pour lutter. Nous avons pris ensemble la décision de ne pas nous séparer dans la mort. Lorsque j’ai connu Pascal, j’avais 16 ans. Il en avait 18. Nous n’avons jamais été séparés depuis et ce n’est que très récemment que, pour la première fois j’ai consulté un médecin. Nous avons eu une très belle vie ensemble. L’un pour l’autre. Exclusivement. Nous voulons rester sur cette note. Exit va venir et j’ai hâte que ça se fasse». C’est ce qu’on pu entendre quelques amis du couple en ce début d’automne, un mois seulement après que Jean-Luc Godard aie pris la même direction pour quitter la planète.
Artiste complet
Pascal Besson est un artiste complet. Avant tout, il était graphiste. Ecole des Beaux Arts de Lausanne, Académie de la Grande Chaumière à Paris, puis graphiste à Paris. C’est en Bretagne chez un ami qui un jour le pose devant un chevalet et une toile vide au bout de leur promenade que son déclic pour la peinture se fait. Et si, en peinture, toutes sa vie durant il tournera sur ses trois axes que sont la Bretagne, Lavaux et la Toscane, l’artiste a de multiples cordes à son arc. Il compose notamment des sketchs et chansons paroles et musique s’il vous plait, pour la Revue de Pully. Il créé des décors et des costumes pour le Théâtre du Jorat. Il créé des pavillons et des stands pour le comptoir suisse, notamment pour Swissair et les CFF. Il se lance dans des cartons de ses tableaux pour en faire des tapisseries. Pascal a une jolie plume et commet quelques livres, notamment avec Frank Bridel et Jean-Bernard Desfayes. On l’a vu chargé de cours à l’Ecole d’arts appliqués de Vevey. Ilnse lance avec succès dans les vitraux mais aussi dans des créations décoratives, notamment pour le Musée Olympique. Enfin, c’est encore lui qui, a l’occasion de l’exposition nationale de 1964, a imaginé et réalisé l’incroyable horloge parlante de la place de la Palud. A l’heure sonnante, un défilé de figurines sort du mur. En costumes et sur des voix enregistrées les personnages racontent en trois tableaux différents les grands moments de l’histoire vaudoise.
Jamais sans Mireille
Pascal Besson est né en 1931 et, dès 1949, une goutte de femme, vive, issue d’une famille d’artistes et de moitié la stature de Pascal, ne quitte jamais son sillage. D’une présence sans concession elle sera dès leurs débuts ce qu’aujourd’hui on nommerait un coach de vie, incluant son administration. Ils s’épouseront en 1955. Et jamais, hormis derrière son chevalet, on ne verra Pascal sans Mireille ni Mireille sans Pascal. Il est son héros, elle est sa mémoire. Elle a le sens des réalités et lui un penchant très marqué pour l’humour et des répliques toujours drôles. Mireille fera parfois semblant de ne pas les entendre comme quand elle lui demande de décider d’un lieu où aller manger. Alors qu’il sait qu’elle a déjà choisi, il se contente de dire, «mais ma chérie, la dernière fois que j’ai commandé quelque chose, c’était 3 décis de blanc».
Comment imaginer ces deux-là séparés après 73 ans de partage? Non envisageable. Alors, ils ont tranché: «Main dans la main, nous partirons ensemble». Bon voyage