André n’a jamais rien fait comme les autres. D’ailleurs personne ne le connait sous ce patronyme. Pour ses amis comme pour ses détracteurs, André Régné c’est Dad.
Dad et ses frasques. Dad et ses collections. Dad, Sissi et ses bals. Dad et ses soupers baroques. Dad maître queue et maître de folles nuits. Que ce soit à l’Alcazar à Montreux qu’il chouchoutait mieux que toutes les femmes qui ont jalonné sa vie de patachon. Ou dans sa villa Dubochet, voisin de Franz Weber, où dans le salon, il avait installé une Lamborghini de collection. Villa qu’il a d’ailleurs réussi à faire classer en 1979 tout comme les 20 autres villas du quartier, aux monuments historiques. Coup réitéré pour le marché couvert et le bâtiment de l’Alcazar. D’ailleurs un ami, directeur du Patrimoine de la ville d’Arles, inscrite à l’Unesco, qui visitait l’Alcazar m’a dit: «Vos autorités n’ont pas honte en Suisse de ne pas acheter et entretenir un patrimoine aussi beau que cet Alcazar? En France cela serait un scandale».
Dad et ses croisades contre un urbanisme montreusien qu’il jugeait, non sans tort d’ailleurs, hors respect du patrimoine.
Dad et la jet set. Dad et sa collection de chaises à porteurs et de calèches. Dad et son bus parisien de 1936 dont le compteur cumulait plus de 5 millions de km. Dad et ses Rolls-Royce qui plaisaient tant à Grace Jones. Dad et Adamo qui a contribué à le rendre célèbre comme décorateur, de Bruxelles à Paris en passant par la Sicile. Dad et les Rolling Stones pour qui il cuisinait la soupe à l’oignon, histoire de les faire tenir debout en très fin de soirée. Dad et ses petites copines africaines et asiatiques qui faisaient écumer de rage une partie de son entourage. Surtout lorsqu’il leur donnait le code de sa carte de crédit.
Dad et ses mille vies. Qui parfois, suivant l’auditoire pouvait changer de version. En bon conteur, Dad était un Calamity Jane au masculin. Point de mensonges, juste des versions qui diffèrent au gré du temps et de la mémoire.
Dad était connu aussi pour ses colères qui ne lui ont pas valu que des amitiés. Au point que lorsqu’un délire éthylique à, un soir, dépassé sa volonté, une ambulance l’a emmené vers un autre destin qui ne ressemblait en rien à sa vie. Il s’est retrouvé enfermé. Contre son gré. «Viens me tirer de là me demandait-il au téléphone. C’est dans des moments comme ça qu’on reconnait ses vrais amis». Deux heures plus tard on lui avait retiré son téléphone. Impossible de lui rendre visite « sur ordre de la famille». Dad a été retiré du circuit. Placé en établissement, il a perdu tout contact avec un monde qu’il avait créé de toutes pièces et dont il était prince.
Le trublion vient de tirer sa révérence. Dans une indifférence désolante. Paix à toi Dad.
C hère Nina, Vous écrivez à nouveau, c’est bon signe et je m’en réjouis. J’ignore totalement qui est Dad. Je suis si peu cultivée, pardon! Ceci écrit, comment allez-vous, Daniel et vous? Je pense beaucoup à vous et vous envoie des brassées d’amitiés ensoleillées. Suzette
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